Épisode 6

Comment réaliser une vidéo pour / avec les élèves ?

Une websérie qui analyse les processus à l’œuvre dans la scénarisation, la médiatisation et l’intégration de ressources pédagogiques à des fins d’apprentissage, avec le numérique.

Qu’en pensent les enseignants qui réalisent des vidéos pour leurs élèves, ou qui font réaliser des vidéos par leurs élèves, dans le cadre de leurs cours ? Est-ce que cela favorise l’engagement, la motivation, la mémorisation ? Est-ce que c’est chronophage ? Est-ce que cela demande des compétences particulières ?

Mis à jour le mardi 5 novembre 2024

La série décryptage s’adresse à l’ensemble des enseignants et formateurs qui réalisent des vidéos à des fins pédagogiques.

Dans cet épisode, après avoir pris connaissance des recommandations de la recherche, nous sommes partis à la rencontre d’acteurs de terrain.

Voici le premier témoignage.

Bonjour et bienvenue dans la série décryptage, consacrée à la scénarisation pédagogique avec le numérique.

Dans les épisodes précédents, nous avons cherché à identifier les ingrédients incontournables d’une vidéo pédagogique efficace. Et pour y parvenir, nous avons interrogé la recherche.
Dans cet épisode, je vous propose d’aller à la rencontre d’acteurs de terrain pour éprouver la validité de ces conseils scientifiques.
Et pour commencer, je vais m’intéresser aujourd’hui aux enseignants qui réalisent des vidéos pour leurs élèves.
J’ai recueilli le témoignage de la maîtresse part en live, dont la chaîne Youtube a connu un énorme succès durant le confinement et qui mène depuis un formidable travail à destination des élèves, mais aussi des parents.

Témoignage de Marie-Solène Letoqueux, professeur des écoles

"Bonjour à tous, petits et grands, et bienvenue dans l’émission de La maîtresse part en Live. Là, aujourd’hui, nous sommes mercredi, c’est pour ça que j’ai habillé Petit Loup en rose, et nous allons faire un atelier sur la musique. "

La maîtresse part en Live est née pendant le confinement en 2020. Quand j’ai appris la fermeture des écoles, je me suis demandé ce que je pouvais faire pour garder du lien avec mes élèves, et c’est là que mon mari est intervenu. Il a eu l’idée de créer la chaîne La maîtresse part en Live, une heure de direct pour faire... comme à l’école.
L’objectif premier, c’est quand même de faire comprendre aux parents ce qui se passe en maternelle et l’importance de la maternelle.
On a décidé de cloisonner l’émission en trois formats. Un format pour les parents, pour qu’ils comprennent mieux ce qui se passe à l’école, les programmes, les compétences, les ateliers.
La deuxième émission, justement, c’est un atelier proposé à l’enfant, accompagné d’un adulte, pour qu’il le fasse en simultané avec moi, en se basant sur un domaine d’apprentissage.
Et la troisième vidéo, c’est pour les enfants accompagnés d’un adulte, et c’est une petite histoire racontée par des marottes. Pour concevoir mes épisodes, je suis partie des cinq grands domaines d’apprentissage, c’est-à-dire le langage, les maths, l’art, le sport, les sciences.
J’écris mes textes en partie, et je suis aidée par Éric, un chercheur en sciences de l’éducation. Pour choisir un thème d’atelier, je m’appuie sur les programmes du domaine que j’ai envie de travailler. De ce domaine, j’en tire des compétences et à partir de ces compétences, là, j’essaye de trouver un atelier qui est faisable pour tout le monde, aussi bien pour le parent avec son enfant que moi et mes élèves.
Que ça soit transposable et que ça soit intéressant d’avoir justement cette interaction entre le parent qui va me redire comment il a vécu l’atelier avec son enfant et moi, ce que je peux lui dire de comment j’ai vécu l’atelier avec mes élèves.

"Nous allons fabriquer un musicogramme. Tu connais, toi, petit loup, le musicogramme ? C’est un petit peu compliqué comme mot. Mais ne t’inquiète pas, je vais tout t’expliquer. Un musicogramme, ça nous sert à dessiner la musique avec des boucles, des points, des traits, avec ce que tu veux. Ça peut être aussi un dessin de fleurs, de maisons. Le but c’est de suivre la musique."

Pas facile de se relancer dans une émission où on a fait une pause pendant 3 ans. Donc bien sûr que les conseils sont bons à prendre. Et on a décidé, avant de tout tourner, de tout scénariser, on a décidé de faire un pilote et de le montrer à des adultes, à des enseignants, à des parents d’enfants de maternelle pour qu’ils nous donnent leurs conseils. Au niveau de la durée, comme c’est pour les enfants et que les recommandations sur les écrans, on dit que le temps d’écran doit être limité pour un enfant, et j’en ai bien conscience. Donc je dirais un atelier, je pense que ça ne doit pas durer plus de 10 minutes, et une histoire maximum 5 minutes. Et surtout, toujours accompagné de l’adulte. Pour moi, même si on est devant une caméra, ce qui est important, c’est de s’adresser aux enfants comme on s’adresserait en classe. Alors, forcément, on théâtralise plus, surtout on parle doucement, on utilise des mots simples. Et je pense que c’est important d’utiliser le" tu" pour que l’enfant se sente vraiment interpellé et qu’il y ait une interaction qui se crée. Laisser du temps de réponse à l’enfant pour qu’il se sente acteur.

"Tu es prêt ? On y va ! Viens, on va jouer à faire greu, greu, greu comme le T-Rex.
Viens et crions fort à faire cri, cri, cri comme le Raptor."

Il y a bien sûr ma baguette magique que j’utilise tout le temps en classe et puis j’utilise aussi pendant mes émissions parce que c’est le côté waouh que les enfants adorent. Et puis il y a aussi des…les petits déguisements, parce que pareil, les enfants, ils aiment bien voir les déguisements, le maquillage. Voilà, tout ça, je pense que ça dynamise une émission.

Je ne sais pas vous, mais j’ai trouvé le témoignage de Marie-Solène très éclairant.
On peut saluer son cheminement à la fois sur le plan des interactions avec son public, de la scénarisation, et de la mise en scène visuelle des ateliers.
Certes, elle a produit un très grand nombre de vidéos et elle a de l’expérience.
Elle s’est bien entourée et elle a formé une petite équipe de réalisation avec un chercheur.
Quels conseils pouvons-nous retenir ?
Résumons : pour réussir une vidéo pédagogique il faut :

  • S’appuyer sur la recherche
  • Bien identifier les compétences travaillées en amont
  • Privilégier une durée courte
  • Utiliser des mots simples
  • Dire "tu"
  • Théâtraliser
  • Et enfin conseiller la présence d’un adulte quand on s’adresse à de jeunes enfants.

Je vous donne rendez-vous dans le prochain épisode où nous allons partir à la rencontre d’une enseignante de collège qui fait réaliser des vidéos par ses élèves.

Crédits

  • Directeur de la production :
    Fabrice Lemoine, adjoint au délégué académique au numérique
  • Production exécutive :
    Malika Alaouani, adjointe
  • Réalisation :
    Hugues Philippart, chargé de mission
    Anne-Cécile Franc, chargée de mission
  • Remerciements :
    Marie-Solène Letoqueux, "La maîtresse part en live"
    François Martin, professeur

Compléments :
Voir les autres épisodes de la série Décryptage

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Article rédigé par Anne-Cecile Franc