Les lieux d’apprentissage
En effet, les personnels qui suivent une formation qui comporte une partie à distance peuvent se former où le souhaitent et quand ils le souhaitent.
Ils peuvent donc potentiellement avoir besoin de se former sur leur lieu de travail, mais aussi dans les transports en commun, ou à leur domicile.
L’espace de l’apprenant devient donc mixte, mais il se professionnalise également. L’apprenant doit acquérir les compétences nécessaires à l’aménagement de son espace personnel, en étant capable de gérer les aspects techniques de sa connexion internet, WiFi ou filaire. Il doit savoir gérer ses périphériques vidéo et audio pour rejoindre une classe virtuelle dans de bonnes conditions.
La gestion de son poste de travail ne s’improvisant pas, nous encourageons donc la présence d’un formateur (tuteur à distance) capable d’apporter de l’aide dans les premiers pas de la formation en parallèle du support aux utilisateurs : support-eformation@ac-versailles.fr
Dans le cadre de la formation, les espaces ne sont pas seulement multiples, mais complètement poreux. La formation à distance pénètre à la fois dans l’espace personnel et sur le lieu de travail.
Le séminaire de la chaire Unesco "Former les enseignants au XXIe siècle" de mars 2015, met l’accent sur ce thème stratégique de la formation des enseignants dans l’établissement scolaire, qui permet à la fois l’articulation entre la formation initiale et continue, l’impulsion d’un dynamique de travail en équipe autour du cœur du métier d’enseignant au service de l’apprentissage des élèves, et la création de liens entre différentes générations d’enseignants, avec de nouveaux outils ou dispositifs de formation.
Des expérimentations inspirantes
Plusieurs expérimentations peuvent nourrir cette réflexion.
Voici par exemple une salle des professeurs du futur au Canada, dans laquelle on trouve un studio de création vidéo.
Photographie présentant le projet d’une salle du futur avec studio d’enregistrement, tables amovibles, etc.
Ou encore, plusieurs photographies tirées du guide campus d’avenir, "concevoir des espaces de formation à l’heure du numérique" édité en mars 2015 pour permettre de repenser les espaces actuels et de définir de nouveaux espaces.
Cette photographie montre l’espace du Link
Cet espace de travail collectif permet à la fois le travail individuel et en petit groupe, la partie la plus sociable et la plus bruyante étant implantée au centre. Des cabines permettent à 3 ou 4 personnes de s’isoler au milieu de tous pour travailler.
Cette photographie présente deux cabines ou des groupes de travail peuvent s’isoler avec un écran sur lequel projeter une présentation.
Cette photographie présente les cabines du techno café de l’université de Durham (Royaume-Uni). Chaque cabine est équipée d’une table de travail, de banquettes et d’un écran pour projeter son travail.
Dans cet exemple, l’espace est peu flexible, mais sa souplesse réside dans la manière dont il peut être utilisé. 10 cabines séparées comportant une table centrale, des ordinateurs portables, des tablettes et un tableau numérique interactif permettent de travailler de manière collaborative. Des connexions filaires et sans fil permettent d’aller sur internet avec n’importe quel matériel personnel nomade.
Le numérique nous pousse à modifier l’architecture des lieux et modalités de travail pour favoriser l’horizontalité et l’ouverture.
Un environnement adapté est plutôt modulaire, conçu pour une reconfiguration instantanée de l’espace de travail.
Il doit être possible d’y utiliser les technologies sans problème, en offrant un accès internet sans fil rapide et performant, et en permettant d’apporter et de raccorder son propre matériel mobile.
Comment favoriser l’aménagement d’espaces dédiés à l’intérieur des établissements scolaires ?
Jean-Paul Moiraud met l’accent sur la nécessité d’avoir cette réflexion préalable sur le temps et l’espace dans l’optique d’une scénarisation opérationnelle :
"La scénarisation en e-learning oblige à envisager très sérieusement la question de l’existence d’un temps numérique considéré comme un temps spécifique - différent - mais complémentaire du temps présentiel synchrone. Il est nécessaire que les acteurs des dispositifs aient une vision identique de ces temps."
Le rapport Bardi-Bérard de 2002 [1] souligne également la porosité des frontières entre l’école et son environnement : " les technologies de l’information et de la communication, dans leurs usages scolaires mais également privés viennent modifier radicalement les limites à l’intérieur desquelles s’exerçait jusqu’à présent l’enseignement. L’École, dans un environnement de réseaux numériques, remet en cause ses limites (...). L’organisation interne de l’école sera peu ou prou affectée, que ce soit dans les contenus étudiés, les formes de travail des élèves ou le service des enseignants. Les frontières entre le monde scolaire et le monde privé sont à redéfinir, tout comme leurs complémentarités."
Le schéma suivant vient à l’appui de ce constat et de cette vision prospective :
Ce schéma, tiré du rapport Bardi-Bérard, permet de définir la manière de repenser les lieux selon trois axes.
Le 3 avril 2015, l’expresso du café pédagogique publie une interview de Philippe Meirieu qui revient sur le travail effectué lors de ce séminaire et prolonge la réflexion :
"Mais peut-être faut-il aller plus loin encore et, quand on parle d’« établissement formateur », penser organisation de l’environnement matériel et humain, travail sur l’installation des espaces et la gestion du temps, association au projet éducatif des personnels d’administration et de service qui jouent, dans l’écosystème de l’établissement, un rôle tout à fait déterminant ?"
Voici quelques préconisations qui pourraient être faites à destination des chefs d’établissements, et de tous les lieux professionnels de l’académie :
– mettre à la disposition des utilisateurs un ou plusieurs ordinateurs avec un micro-casque, des logiciels récents, une connexion filaire et WiFi avec un débit suffisant. – privilégier les équipements modulaires, pour configurer l’espace de manière adaptée à chaque situation. – vérifier que l’accès à la classe virtuelle via est possible (la liste des ports à ouvrir a été communiquée à la DSI, qui l’a ensuite transmise à tous les personnels chargés de la maintenance informatique.) |