La Minute SciencesCo

Minute n° 7 : Métacognition, auto-régulation, engagement

A chaque semaine sa notion

La Minute Sciences Co est un rendez-vous hebdomadaire qui a pour objectif de
proposer un moment d’acculturation à différentes thématiques traitées par les sciences
cognitives.

Mis à jour le lundi 13 octobre 2025

Bonjour et bienvenue dans la Minute Sciences Co. Je suis le professeur Axone et je vais vous
accompagner, chaque semaine, dans la découverte de concepts de sciences cognitives.
Ensemble nous chercherons à en apprendre plus sur le fonctionnement de notre cerveau, mais
surtout de celui de nos élèves.

Pour cette septième minute, je vous propose de parler de la métacognition, de l’auto-régulation et de l’engagement. Des exemples d’outils et des pistes de mise en œuvre pédagogique vous seront proposés.

Cette image montre le Professeur Axone tenant une montre à gousset à la main
Vous êtes prêts ? Top chrono !

La métacognition en questions

La métacognition est l’ensemble des processus permettant à chaque personne de contrôler et évaluer ses propres activités cognitives, c’est-à-dire de les réguler (Proust 2022). En d’autres mots, la métacognition désigne la capacité à réfléchir sur ses propres processus de pensée. Pour les élèves, cela signifie être conscient de comment ils apprennent, ce qu’ils comprennent ou pas, et comment ils peuvent s’améliorer. Encourager la métacognition, c’est aider les élèves à devenir des apprenants autonomes et stratégiques.

Tout comme l’enseignant choisit ses gestes pédagogiques, l’élève choisit aussi, ou pas, de répondre à la tâche de façon cognitive dans le but de l’accomplir.

D’après la définition donnée par Joel Proust, la métacognition correspond ainsi à « l’évaluation de la faisabilité, puis au succès de l’action ». Un élève ne se lance pas dans les apprentissages sans s’interroger, sans se poser des questions, car son cerveau prépare la réponse, il prédit l’effort et l’intérêt de l’activité, l’importance de la tâche et la possibilité de réussir.

Ainsi, développer des compétences métacognitives autonomes est un enjeu majeur de la réussite scolaire.

La métacognition, telle que la décrit Joelle Proust, amène ainsi à un mécanisme d’autorégulation qui est la capacité à planifier, surveiller et ajuster ses efforts pour atteindre un objectif. En d’autres mots, d’après la définition de Berger (2023), l’apprentissage auto-régulé désigne la façon dont l’apprenant conscientise et prend en charge son propre apprentissage.

Trois questions paraissent essentielles :
  • Comment l’élève mobilise-t-il ses stratégies d’apprentissage, cognitives et métacognitives ?
  • Comment se motive-t-il ?
  • Comment gère-t-il son travail et son environnement dans le but d’atteindre ses objectifs ?

En effet, l’autorégulation repose sur la métacognition mais inclut aussi la motivation et la gestion des émotions. Un élève autorégulé sait quand il doit changer de stratégie, demander de l’aide ou prendre une pause (Cosnefroy 2011).

Effort et motivation sont ainsi de la partie, car l’élève doit se mobiliser pour surmonter les obstacles qui peuvent survenir pour aller au bout de la tâche.

Cosnefroy a résumé 5 modèles différents d’apprentissage auto-régulé, s’appuyant sur des processus métacognitifs et motivationnels complexes :

  • Le modèle de Winne
    Il identifie deux aspects cruciaux : le suivi, qui offre à l’apprenant la possibilité d’examiner et de juger sa situation d’apprentissage, et le contrôle, qui lui procure les outils nécessaires pour intervenir et modifier ses stratégies en direct.
  • Le modèle de Pintrich
    Il précise également que ces actions de régulation sont affectées par la nature du but visé, qu’il s’agisse d’une performance ou d’une maîtrise.
  • Le modèle de Corno
    Il met l’accent sur le concept de volition, c’est-à-dire la faculté de l’apprenant à déclencher et persévérer dans son travail malgré les distractions, en établissant les conditions propices à sa réussite.
  • Le modèle de Zimmerman
    Il soutient que l’auto-apprentissage permet à l’étudiant de planifier activement ses objectifs et de réagir face aux défis, tout en préservant son engagement dans l’action.
  • Le modèle de Boekaerts
    Il insiste sur le fait que chaque situation d’apprentissage suscite des émotions qui affectent le bien-être de l’élève : l’autorégulation est alors perçue comme la recherche d’un équilibre entre l’amélioration des compétences et la préservation d’un état émotionnel favorable.

Ainsi, la métacognition, l’autorégulation et la motivation amènent naturellement à un processus d’engagement résultant d’un état émotionnel positif, et au maintien de l’élève dans l’action, aux fins de l’accomplissement de la tâche et de sa réussite. En effet, un élève motivé sera forcément plus engagé, et un élève engagé est un élève actif, curieux et persévérant. Il participe en classe, pose des questions, cherche à comprendre.

L’engagement scolaire est reconnu comme un levier majeur de la réussite scolaire, mais certains ingrédients sont indispensables pour que l’élève maintienne sa motivation et qu’il s’engage :
  • Le sentiment de compétence (ou d’efficacité personnelle)
  • La valeur d’une activité (il la trouve intéressante et utile)
  • Le sentiment d’autonomie (il perçoit qu’il peut faire des choix sans pression)
  • La perception du contrôle (il se sent le seul responsable de ses réussites ou ses échecs)
  • Le sentiment d’appartenance (il sent qu’il fait partie d’un groupe, qu’il est apprécié et qu’il est à sa place)

Plusieurs dimensions sont donc présentes dans le processus d’engagement de l’apprenant :

  • Comportementale : ce que l’élève fait en classe 
  • Émotionnelle : comment les élèves se sentent-ils lors d’une activité
  • Cognitive : il s’agit de ce qui se passe en termes d’attention

L’engagement scolaire résulte donc de ce que l’élève fait, ressent et pense pendant l’activité (Galand 2022).

Plusieurs facteurs ont des rôles clés dans la motivation et l’engagement :

  • L’environnement pédagogique : les pratiques qui favorisent la réflexion, le choix, la collaboration et le sentiment de compétence renforcent l’engagement. Ainsi, les pédagogies actives, les projets collaboratifs ou encore l’usage raisonné des nouvelles technologies permettent aux élèves de devenir acteurs de leurs apprentissages.
  • Les émotions vécues en classe : un climat scolaire positif, une relation bienveillante avec l’enseignant et la reconnaissance des efforts contribuent à maintenir un équilibre entre performance et bien-être.

L’intelligence Artificielle générative (IAg) peut se révéler un outil pédagogique précieux pour aider les élèves à développer leur métacognition, leur autorégulation et leur engagement.

Ci-dessous quelques exemples de mises en pratique en classe :

ObjectifMise en pratique
Favoriser la métacognition Journal de bord réflexif assisté par l’intelligence artificielle générative : les élèves écrivent une réflexion sur leur compréhension d’un cours ou d’une activité. L’IA peut les accompagner dans la reformulation de leurs idées, poser des interrogations pour enrichir leur réflexion ou condenser leurs pensées.
Auto-évaluation assistée : l’élève présente un travail à l’IA et lui pose la question : Qu’est-ce que j’ai bien fait ? Qu’est-ce que je peux perfectionner ? Cela incite à une réflexion critique sur son propre travail.
Favoriser l’autorégulation Planification des tâches : l’élève formule un but (par exemple : réaliser une présentation orale) et sollicite l’aide de l’IA pour élaborer un programme d’action comportant des phases, des moyens et des stratégies de réussite.
Renforcer l’engagement Sélections d’activités sur mesure : l’IAg est capable de suggérer différents types d’exercices ou de projets adaptés aux centres d’intérêt de l’élève, stimulant ainsi son sentiment d’indépendance et de maîtrise.
Co-création : en petits groupes, les élèves ont la possibilité de collaborer pour rédiger un texte, raconter une histoire ou préparer une présentation avec le soutien de l’IA, ce qui encourage la collaboration et renforce le sentiment d’appartenance.

Le rôle de l’enseignant dans ces tâches est bien évidemment central. L’enseignant reste le garant éthique et pédagogique des usages de l’IAg qui, nous le savons, ne remplace nullement l’humain mais l’accompagne et l’assiste.

À vous de jouer !

Pour finir je vous propose un mini défi : que puis-je faire dès demain pour aider mes élèves à mieux comprendre, à rester motivés et engagés ?

Lors de ma prochaine séance, j’identifie quelques freins et je mets en œuvre au moins une des trois pistes pédagogiques proposées : métacognition, auto-régulation, ou engagement

Ressources complémentaires

  • Berger, J.-L., & Cartier, S. C. (2023). L’apprentissage autorégulé. De Boeck Supérieur.
  • Cosnefroy, L. (2011). L’apprentissage autorégulé : entre cognition et motivation. Grenoble, France : Presses universitaires de Grenoble.
  • Galand, B. (2022). Comment soutenir l’engagement des élèves dans leurs apprentissages ? Administration & Éducation, (175/3), 115–122.
  • Libersa, M., & Romanet, C. (2017). De l’autorégulation à l’apprentissage autorégulé : comment “apprendre à apprendre” dès la maternelle ? [Mémoire de master, Université de Lille]. HAL Archives ouvertes.
  • Proust, J. (2018). La métacognition et l’auto-évaluation. In O. Houdé & G. Borst (Eds.), Le cerveau et les apprentissages (pp. 207–228). Paris : Nathan.
Cette image montre le Professeur Axone nous saluant
À la semaine prochaine pour une nouvelle minute SciencesCo !

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Article rédigé par Antonella Corvaglia